Aujourd’hui exilé en deuxième division lettone, le virevoltant ailier de 26 ans a remporté le championnat avec le FK Tukums 2000 ce week-end. Mais pour cela, il a dû revoir ses options pour reprendre goût au football à cause d’un destin bien particulier, et avec pour ambition de revenir par la grande porte dans son club formateur. Portrait.

C’était il y trois semaines, entre deux séances d’entraînement, que nous convenons d’un petit entretien avec Louis Pahama, auréolé d’un nouveau statut de star de l’équipe suite à ses performances. « Je sors d’une séance personnelle de réveil musculaire ce matin (rires). Cet après-midi, ce sera davantage basé sur le jeu et la mise en place tactique ». Car depuis ses 18 ans et l’avènement de son premier contrat professionnel à l’AS Monaco, où il y a inscrit dix-huit buts en 2013 en équipe réserve, c’est le quotidien serein de Louis Pahama. Son équipe du FK Tukums 2000, situé à 65.8 km à l’ouest de la capitale Riga, a remporté le championnat après une énième victoire (1-4) sur la pelouse de son dauphin Smiltene ce samedi. Et l’ailier gauche contribue largement au succès de son équipe. Quatorze buts et neuf passes décisives en championnat, pour dix-sept victoires, deux nuls et zéro défaites (au moment de l’entretien, NDLR). Pas un hasard que le FK Tukums 2000 fût leader quasiment tout au long de l’exercice, le championnat de D2 s’achevant le 10 novembre.

Aucun suspense donc, Tukums sera promu dans ce que Louis appelle « la Ligue 1 lettone ». Nom officiel de cette division ? La « Pirmā līga » où évolue actuellement le natif de Nice, la « Virsliga » pour l’élite. Phonétiquement parlant, la barre horizontale permet à la lettre de se prononcer en voyelle longue. Et pourquoi ce choix sinon ? Surtout le fruit d’une longue descente aux enfers liés aux mauvais choix.

« J’ai dis à ma mère que je voulais arrêter le foot… »
N’dualu Louis M’vemba Pahama, de son nom complet, débarque donc en Lettonie en mars dernier. Huit mois plus tard, le numéro 23 de Tukums est le meilleur buteur et passeur du championnat, pour quinze buts et dix passes décisives toutes compétitions confondues. Pourtant rien ne fût facile, loin de là, pour ce fan d’Ousmane Dembélé et Neymar dont il avoue être un fan absolu. « J’ai reçu une très bonne formation à l’AS Monaco qui est mon club de coeur, mais après une réunion avec la direction, on m’a clairement fait comprendre que je n’arriverai pas à m’imposer. C’était un coup dur… ». Comme Franck Ribéry avant son éclosion à Brest puis Metz, Louis Pahama tente alors de prouver son talent dans plusieurs clubs du sud de la France, niveau CFA (aujourd’hui nommé National 2, NDLR). Le début d’un long chemin de croix. Il trouvera finalement point de chute à Villemonde dans le Nord, à 21 ans. Le monde amateur. Pahama n’y restera que six mois, le club sera rétrogradé en DH.

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Avec le FK Tukums 2000, Louis Pahama revît. Son back-flip peut en témoigner ! (crédit Twitter : Louis Pahama 23)
Plusieurs tests s’en suivront sans le succès escompté pour tous jeunes footballeurs. Dans la région de Strasbourg pour garder la forme, avec le SV Lux 1949 en Allemagne où il signera dès son premier entraînement mais déclinera l’offre pour des raisons personnelles. La raison ? « J’ai eu un enfant très tôt. À ce moment précis, c’était très difficile de gérer ma vie professionnelle et ma vie privée ». Globe-trotteur vous avez dit ? Le parcours ne s’arrête pas là pour le “Phileas Fogg” du ballon rond puisqu’il débarque quelques mois plus tard au Portugal, direction le Clube Condeixa, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Coimbra, en troisième division. « C’est un ami de ma famille qui m’a passé les contacts. Le projet m’a séduit, j’y ai même inscrit cinq buts en deux matchs ! Mais financièrement, je n’étais pas payé. Et au bout de deux mois, je suis rentré en France ». Nouveau coup dur, entre fausses promesses et destin mettant des bâtons dans les roues. Louis rentre en France pour la deuxième fois. Déjà. Les premiers signes d’un désarroi logique.

Son agent lui trouve un essai à Macclesfield alors en quatrième division anglaise, la EFL League Two pour les intimes, mais là aussi le sort s’acharne. « Les Anglais aiment des profils plus athlétiques et puissants. Les entraînements se sont super bien passés mais ils voulaient un profil à la Olivier Giroud. On était six ailiers et le quota était dépassé ». Direction Tranmere Rovers, au nord-ouest du Royaume-Uni, non loin de Manchester. Le coach se fait virer, un nouveau technicien débarque et ramène avec lui un joueur du même profil que Pahama, au moment des négociations de son contrat ! « Quatre heures avant ma signature dans les locaux du club, le coach de l’époque se fait limogé. Je panique, je me demande ce qui va se passer. Les négociations sont donc interrompues et au final je ne signe pas en Angleterre… ». Louis Pahama se pose alors des questions, s’interroge sur son avenir. Il avoue s’être même « embrouillé avec son agent » à cause de cela. C’est la fin de leur collaboration. Bilan : cinq pays, aucune saison pleine et des frustrations en pagaille.

Méfiant, il préfère retourner à Paris où réside une partie de sa famille et de ses amis et rompt son contrat avec son représentant. Nous sommes à l’été 2016 et le début de carrière de Pahama est plutôt synonyme d’une descente aux enfers sportive qu’un conte de fées. Quatre années sont passées et même pas une centaine de matchs pros dans les jambes. Et ce ne sera pas fini puisqu’il vivra le même scénario, à Lille, où il passera une semaine en réserve. Il vivra bien malgré lui le départ de l’entraîneur de l’époque Frédéric Antonetti qui se fera débarqué. « Le lundi matin, après ma séance d’entraînement, j’apprends que Frédéric Antonetti se fait viré du club. Je me suis dis : si c’est pour revivre le même scénario qu’en Angleterre, je ne veux pas, j’ai assez perdu du temps ! ». On apprendra plus tard que l’ancien entraîneur de Nice et Rennes avait perdu sa place après une défaite en Corse, ironie du sort.

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LOUIS PAHAMA « TOULON ? C’EST UNE VILLE QUI RESPIRE LE FOOTBALL »

Récemment recruté par le SC Toulon, Louis Pahama espère aider le club varois dans son opération maintien en National 1. L'attaquant, passé notamment par le Cavigal et l'AS Monaco, nous dit tout sur son arrivée au Sporting et sur ses objectifs à venir.



« Je n’ai pas de mots pour décrire leur joie lorsque je marque un but, signe un autographe ou accepte de poser le temps d’une photo. » Ces mots sortent de la bouche de Louis Pahama, nouvelle recrue du Sporting Club de Toulon. L’attaquant est heureux de revenir en France après des expériences à l’étranger. Il nous donne son ressenti sur son arrivée au sein de la formation varoise et explique sa proximité avec les supporters des clubs où il a posé ses valises.

Louis, tout d’abord quelles sont vos premières impressions sur votre arrivée au SC Toulon ?
J’ai été très bien accueilli ! Certains joueurs que je connaissais un peu, comme Alexis Goncalves (Chateauroux), qui a déjà joué là-bas, Jordan Amavi (OM), ne m’ont dit que du bien du club. Jean-Marc Ferreri y est aussi pour beaucoup dans mon arrivée. C’est une très bonne personne, avec qui j’ai beaucoup échangé, on est vite tombé d’accord, il m’a parlé du projet, pour faire remonter au classement le club. J’ai aussi ma mère et ma fille à Nice, donc un retour en France et près d’eux s’imposait, après quelques expériences à l’étranger.

Pouvez-vous nous parler un peu du club justement ?
C’est un grand club, qui a connu de grands joueurs. Ils ont des supporters incroyables, c’est vraiment intense, il y a une affluence semblable à certaines écuries de Ligue 2. Malgré la mauvaise passe actuelle, beaucoup de personnes sont derrières le club et on se doit de leur rendre la pareille. Si on arrive à gagner, je pense que ça va créer un déclic et le staff bosse dur pour créer ce déclic et j’y crois, comme tout l’effectif. Même si c’est très compliqué en ce moment, on reste à cinq points du premier non-relégable, on fera tout pour revenir. Pour moi, je pense que l’on va se maintenir.

Avez-vous déjà connu de telles situations ailleurs ?
En Lettonie (à Tukums), on a réussi à faire monter le club pour la première fois de son histoire en D1 et j’ai préféré rester sur ça, je suis un homme de défis. J’espère briller également à Toulon. Si tu brilles à Toulon, tu peux briller partout. C’est une ville qui respire le football, c’est tout ce dont un joueur a besoin, de voir cette ferveur, ça donne envie.

Pouvez-vous nous parler de ta formation chez les Jeunes justement ?
J’ai commencé au Cavigal pendant sept ans, avec Alexy Bosetti. C’était une super génération, on gagnait tout, jusqu’à mon arrivée en U13 à l’OGC Nice, où ça s’est passé super bien. Étant jeune, mon rêve était de jouer à Monaco et je suis ensuite parti à l’ASM à l’âge 15 ans, en rejoignant l’effectif monégasque des U15-U16. J’ai joué jusqu’à la CFA là-bas, pour ensuite partir à Villemomble et après au SV Lux 1949 en Allemagne. Je ne garde que de bons souvenirs de mes clubs chez les Jeunes, même si ma meilleure expérience reste à Monaco, où je me suis senti le mieux. Si un jour j’ai le choix, je choisirais l’AS Monaco, même si je reste un grand fan du PSG. Mais niveau carirère, l’ASM est un club qui me tient à coeur et je pense que ce serait le meilleur choix de carirère à faire si j’avais le choix un jour.

Sur le plan personnel, vous aspirez à quoi dans les mois ou les années à venir ?
C’est le défi de sauver le club en N1 sur les six mois qui restent tout simplement. Comme j’ai pu comprendre, le projet de base du SCT était de monter en Ligue 2, mais si on parvient à maintenir le club, je pense qu’il peut se passer de belles choses par la suite. Il faut toujours se fixer des objectifs dans la vie et je pense qu’il est préférable de ne pas choisir la facilité pour accéder au plus haut niveau. Évidemment, j’aimerais devenir joueur en professionnel en France, ce serait une grande réussite, parce qu’à l’étranger c’est bien mais en étant Français, je rêverais d’évoluer en pro dans mon pays. En fonction de comment ce sera passée cette seconde partie de saison et en fonction de ce qu’il y aura autour, tout peut aller très vite, la France est un pays très médiatisé dans le monde du football, le National aussi, donc ça peut être pas mal…

Il parait que c’est Jordan Amavi qui vous a conseillé auprès du club, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai joué contre lui en Jeunes, à l’OGC Nice aussi, j’ai un contact avec lui. Quand je lui parle, il me répond, ça ne lui dérangeait pas de m’aider. En parallèle, il reste proche du SCT, il sait d’où il vient et il n’oublie pas, donc dès qu’il peut aider le club de Toulon, il le fait. Tous ses proches sont là-bas et c’est son premier club.

Tout se passe bien pour vous au sein de ce nouvel effectif ?
Avec les joueurs, il y a une bonne ambiance, ils m’ont mis à l’aise. Je ne me sens pas du tout mis à l’écart, ça aide et je peux tout de suite donner le meilleur de moi-même en essayant de créer déjà une complicité avec certains joueurs pour en profiter sur le terrain dès que j’aurai ma chance.

Vous connaissez l’ambiance qu’il y a ici, à Toulon ?
On m’en a beaucoup parlé, apparemment, c’est l’élite à ce niveau-là et ça, ça me plaît ! En Lettonie et en Espagne (Martos CD), j’étais le chouchou du public, c’était un sentiment indescriptible. Avoir le soutien des supporters en retour, c’est un sentiment incroyable, c’est comme si c’était ta famille. Tu fais tout pour ne pas les décevoir, tu essaies de les rendre heureux pendant les matches, ils viennent pour ça au stade et si tu parviens à marquer et à faire gagner ton équipe, c’est un sentiment incroyable. En tant que joueur, je n’ai pas de mots pour décrire leur joie quand tu marques, qu’on te demande une photo, un autographe. Et je sais qu’à Toulon, ça se passe comme ça, donc j’espère marquer un maximum de buts à Toulon, pour entendre le public crier de joie.