Les championnats dits "amateurs" sont à l'arrêt depuis près de deux mois. Plusieurs clubs de National 2 ont entrepris une large consultation des équipes de la 4ème division française afin de reprendre la compétition. Explications.

Ils se sentent oubliés par les instances. Depuis le début du confinement fin octobre, les compétitions amateurs, en dessous du National 2 (compris), sont à l’arrêt total. Près de deux mois après, une enquête vient d’être lancée. « A l’initiative de plusieurs clubs, on a effectivement lancé un sondage précis sur trois questions », nous indique Pascal Bovis, président du FC Fleury (N2 A). Trois questions auxquelles tous les 64 clubs de National 2 sont amenés à répondre : « Souhaitez-vous reprendre les compétitions même à huis clos, c’est à dire sans recette ? Souhaitez-vous être considérés comme une compétition de haut niveau, c’est à dire ne plus bénéficier du chômage partiel ? Et enfin, avez-vous plus de la moitié de votre effectif en contrats fédéraux, contrats d’apprentissage, CDD à temps plein ou partiel (avec fiche de paye) ? »

L’objectif affiché par le co-organisateur de ce sondage est d’alerter les instances du football et même le Ministère des Sports. « On veut s’appuyer sur les textes actuels. On ne demande pas de favoritisme, on demande juste que les textes émis par le Ministère des Sports soient appliqués pour le N2 », appuie le dirigeant francilien. Ce texte publié au Journal Officiel le vendredi 30 octobre prévoit en effet que « sont autorisés à continuer leurs activités les sportifs dits de haut-niveau et dits professionnels, vivant de leurs activités. » Or, les chiffres du championnat National 2 tendent à confirmer que ce championnat se rapproche d’une pratique de haut-niveau. « Le N2, c’est 1500 emplois directs, 80 millions d’euros de budget et 20% de clubs pros », défend notre interlocuteur.

« Le foot ne peut pas s’arrêter deux ou même trois ans de suite. »
Pascal Bovis, président du FC Fleury 91 (N2)
Les équipes des poules Nord-Ouest et Nord-Est (A et B) ont déjà répondu à ce questionnaire. Les premiers résultats montrent que tous ont répondu « oui » aux deux premières questions et que « 90% des clubs interrogés possèdent la moitié de leurs joueurs sous contrats. » S’ils sont conscients que la situation sanitaire est compliquée, le président du FC Fleury et ses homologues de N2 espèrent une rapide reprise des compétitions. « C’est une situation qui est amenée à durer. Le foot ne peut pas s’arrêter deux ou même trois ans de suite. Même s’il y a une campagne de vaccination, les sportifs ne vont pas être les premiers concernés, ce qui est logique, il y a des personnes avant. Il va falloir apprendre à vivre avec ce virus. Ce n’est ni souhaitable pour la FFF ni pour les clubs que cette situation perdure », confie-t-il.

Soucieux non seulement pour les clubs de National 2 mais aussi pour les Ligues et Districts dont le fonctionnement dépend en grande partie des licences, et donc du nombre de licenciés qui a connu une forte baisse après le premier confinement, il veut une prise de conscience des instances qui doivent « s’interroger sur une continuité des compétitions en période de coronavirus. » Renforcer le protocole, en créer plusieurs et l’adapter à chaque niveau (National, régional, départemental), faire des tests chaque semaine et isoler si c’est positif… Plusieurs solutions pourraient être réfléchies pour préparer dès à présent le football de demain. « Il va falloir qu’on se projette sur du moyen/long terme en parlant toujours du pire et trouver la bonne solution pour chaque championnat », admet le chef d’entreprise.

Quelle suite donnée à cette consultation des clubs de National 2 ?
Chaque jour, les données récoltées par différents acteurs du football sont rassemblées dans un document. Celui-ci devrait prochainement être remonté à la LFA puis à la FFF avant éventuellement d’atterrir sur le bureau du Ministère des Sports. C’est en tout cas le souhait des organisateurs de ce sondage.

Si pour cette saison les compétitions devront très certainement être adaptées « en urgence », les clubs de National 2 aimeraient que les instances pensent à préparer le futur à moyen et long terme notamment pour les jeunes licenciés, obligés d’aller à l’école mais empêchés de jouer en compétition. « A partir du moment où il n’y a pas de vestiaires (lieu de transmission accrue de la Covid-19, ndlr), il faudrait qu’ils puissent jouer en compétition, s’exprimer sur les terrains. Le sport, ça fait partie de leur vie je pense, en tout cas, ça serait bien que ça en fasse partie. Le sport ce n’est pas que du sport, c’est l’éducation, la vie en groupe, la discipline… Je pense qu’on en a vraiment besoin en cette période », conclut Pascal Bovis, président du FC Fleury 91.