Voilà 36 ans qu’il entraîne ! Embarqué dans l’opération maintien de Toulon (National), Victor Zvunka, l’ancien coach d’En Avant Guingamp, a toujours la foi.
A bientôt 69 ans, n’éprouvez-vous pas de lassitude à entraîner ?
Non ! Ce qui me fait avancer, c’est la compétition. Je déteste perdre. Même quand je gagne, je ne suis pas content.
Que gardez-vous de vos aventures en Afrique ?
J’ai passé trois ans en Guinée (à Horoya AC). Ça m’a permis de faire progresser l’équipe. Là-bas, certains étaient passés presque directement du football de la rue au professionnalisme. Le club comptait sur moi pour leur donner des bases et de l’expérience. J’ai rencontré un groupe qui avait vraiment envie de progresser et d’atteindre le haut niveau. Ils rêvaient d’aller jouer en Europe. En Afrique, j’ai rencontré des gens d’une grande gentillesse.
Comment appréhendez-vous l’évolution du foot, notamment en termes de management ?
Aujourd’hui, l’entraîneur est quasiment obligé d’être un psychologue. Il faut discuter beaucoup, écouter ce que les joueurs te disent et veulent faire… Il y a beaucoup plus de communication qu’à une certaine époque où c’était plus directif. On voit aussi, maintenant, qu’il y a souvent des agents au milieu. Chez les joueurs de très haut niveau, le plus difficile à gérer, ce sont les ego. Mais je suis resté rigoureux. Je me dis que pour les joueurs, c’est une préparation pour plus tard. Certains le prennent bien, d’autres un peu moins.
Vous êtes-vous assoupli, quand même, au fil des années ?
Pas beaucoup. J’ai un tempérament. Je pense que si tu veux faire carrière, il faut passer par des doutes, des moments durs, des sacrifices. Il faut parfois passer entre les mains de gars qui t’en font voir de toutes les couleurs, qui t’en font baver. Si ce n’est pas le cas, c’est très difficile d’en faire des joueurs de haut niveau. Alors oui, j’ai changé ma façon de faire, je me suis assoupli un peu mais dans certains moments, je reste le même. Les années passent, mais je pense que certaines choses sont encore bénéfiques pour cette période-ci.
Quels sont les plus grands souvenirs de votre carrière ?
La montée en première division d’une ville comme Châteauroux (1997) et la finale de Coupe de France gagnée avec Guingamp face à Rennes (2009). Avec le parcours que l’on connaît. Le président (Noël Le Graët) nous avait mis dans des conditions exceptionnelles. Nous ne sommes que deux entraîneurs de Ligue 2 à avoir gagné cette compétition. Je me souviens de la fête à Guingamp, au stade, partout dans la ville, le lendemain. Ça restera gravé.